Pour re-situer tout ça, on va dire que la journée a débuté par une mauvaise nuit : pas mal de vent, beaucoup de froid. J'avais enlevé mon fut' pour dormir et j'aurais pas dû. On a démarré vers 10h30 je pense, donc tard et on a commencé par faire un bout de chemin à flanc de falaise. Pas spécialement dangereux, mais il fallait quand même se méfier des bien-nommés "petits cailloux merdiques" qui ont vite fait de te mettre le cul par terre. Voire dans le ravin. Ou dans le précipice en fait, appelons un chat, un chat.
| Exemple de chemin dit "aux petits cailloux merdiques". |
| Oliv' teste sa borne inf dans la cascade. |
"Youssef, c'est là-bas qu'on va ?"
"Oui oui."
| Avant le pont, on faisait déjà pas trop les fiers. | Vous l'aurez reconnu... |
Youssef semblait un peu étonné : "Mais vous m'aviez dit que vous n'aviez pas le vertige !"... Je crois que ce mot est mal traduit en arabe... Finalement après coup je me dis que le pont était relativement large (1m50) mais la vision que l'on en avait eu quelques centaines de mètres avant nous avait trop marqué pour qu'on passe sereinement. D'ailleurs j'ai le souvenir d'être passé à 4 pattes mais sur les photos on était tous debout. Je dois confondre avec le passage immédiatement après.
A ce moment là j'étais pas encore rassuré : il restait pas mal de chemin à parcourir sur cette paroi et j'imaginais déjà la tronche des chemins à venir...
Quelques mètres plus loin, on s'est retrouvé face à ce qui a probablement été le plus gros danger de la journée : un nouveau passage au dessus du vide, à franchir en se tenant à un câble, plaqué contre la roche, sur une corniche de 5cm de large. Je pense qu'il y avait 40-50m à faire comme ça.
Là je crois que j'avais des vraies raisons de flipper : il suffisait de déraper à un moment pour finir dans le vide. Sophie était devant moi et il fallait que je fasse des pauses à chaque point d'attache du câble pour attendre qu'elle soit passée : dès que je m'arrêtais, je sentais les bras qui s'ankylosaient et je commençais à paniquer. Au moment le plus dangereux, celui où il fallait franchir une avancée de la paroi, plus de câble. Je sais pas comment on a réussi à tous passer là. Même Oliv' n'a pas pris de photos, peut-être trop concentré ou bien pour éviter d'avoir une chute en images... Je me rappelle très nettement m'être dit : "Si je tombe dans le vide, je crie 'Youssef enculé !'"
La suite n'est plus qu'une course pour rentrer avant la nuit (on est arrivés à 21h) avec cumul de passages plus ou moins dangereux, glissants, mais on était dans un tel état que l'on ne se rendait plus compte de grand chose. Oliv' a fini en courant quand Pat' lui a donné l'idée...
Je ne sais pas trop ce qu'on peut tirer de cette journée et je ne sais pas si je suis content de l'avoir faite. Avoir eu cette vision du parcours à distance a fait beaucoup de mal : sans ça, je dis pas que j'aurais fait le fanfaron mais j'aurais été beaucoup plus calme. Le pire c'est que tout du long, la panique engendrait la panique. Je me disais : "Ça sert vraiment à rien de paniquer. Plus tu paniques, moins tu contrôles tes gestes et tes réactions et plus c'est dangereux..." Je me demandais même si j'allais pas avoir une sorte de spasme incontrôlé qui me ferait basculer, c'est pour dire à quel point j'étais atteint.
Bon, j'ai quand même appris un truc ce jour là, c'est que raconter des conneries c'est pas juste une façade chez moi... Le 'Youssef enculé', ça nous faisait bien rire après, mais moi je le pensais le plus sérieusement du monde au-dessus du vide. Je sais pas si c'est une bonne nouvelle... En tout cas, faudra pas que je m'étonne si avant de mourir à la place de voir défiler ma vie, je vois des patates avec des bras ou mes cours de SI de prépa...
| Couscourochrome, le couscous des héros ! |
Arrivé au gîte, on a eu droit à un monstrueux couscous qu'on n'a pas réussi à finir. On a particulièrement apprécié les douches ce soir là. On a longuement débriefé notre journée puis on a joué au tarot jusqu'à une heure du mat... Malgré la fatigue, on devait avoir besoin de décompresser. Ça a fini sur une magnifique garde contre d'Oliv' (qui m'a appelé) faite de 44 points et avec le chien le plus pourri de l'histoire du tarot : 3 as. Alors qu'il a systématiquement des bons chiens quand il prend...
Le lendemain (ah oui j'ai mis plusieurs jours à finir cet article donc je ne dis pas "aujourd'hui" comme le laisserait penser le début du post), on a fait une petite marche de décrassage : un peu moins de 3h. Sophie ne nous a pas suivi car mal aux jambes.
Le soir, au repas, on a vu arriver de la "pizza berbère" (du pain avec 3 légumes dessus) et de la soupe. On a tout fini et on commençait à se dire que c'était un peu light quand une deuxième fournée de pizza est arrivée. On était soulagé et on s'est jeté dessus. Puis est apparue une assiette de 2kg (sans déconner !) de pâtes. Puis des frites. Puis des brochettes. Et enfin des bananes pour le dessert...
| A ce moment là, on avait presque tous plus faim. |
| "Je vais mourir..." |
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